PRESENTATION DE L'EXPO

                                 "Pièce d'Inde"

                                     
                                         Atelier Legrand José. Exposition "Pièce d'Inde" Mai 2003 - Vernissage Cayenne

Du 16 mai au 06 juin 2003, José Legrand présente ses œuvres récentes dans son atelier du lotissement Zunève à Cayenne.

L’exposition s’intitule « Pièce d’Inde » en mémoire de ces rouleaux d’étoffe qui servaient d’échange pour importer des esclaves d’origine africaine en Amérique.

Depuis quelques années, l’étoffe madras sert de support au travail de cet artiste. 

Pour son affiche présentant l’exposition, José Legrand a choisi deux symboles du continent sud Américain : Le Machu Pichu et le lac Titicaca avec ses légères embarcations. Les photographies qui le représentent seul devant ces lieux seraient de simples clichés touristiques si il n’y avait cette mention « Pièce d’Inde ». Avec ce grand titre écrit devant à l’anglaise, la forme d’écriture qu’on utilisait pour répertorier les marchandises sur les bateaux, il y a allusion à l’origine de sa présence sur le continent et volonté de transgresser la carte coloniale.

 Un catalogue associé à cette exposition est en cours d’élaboration. 

Dans celui-ci, Giovanni Joppolo, critique d’art,  auteur d’essais : «  Mimo Rotella », ou encore « Le matiérisme dans la peinture des années quatre-vingt » présente sa vision des derniers travaux de José Legrand en titrant «L’engagement, l’irréductible ».

Veerle Poupeye, historienne et critique d’art, auteur d’un essai sur l’art contemporain dans la Caraïbe estime qu’il y a une continuité entre les premiers travaux conceptuels des années soixante-dix  de l’artiste « Nos ancêtres les Gaulois » et  cette série « Madras como mare » . Pour ce professeur du centre universitaire d’études sur l’Amérique latine et la Caraïbe à New-York, les deux démarches sont liées et visent une critique du concept colonial. (in Le madras subversif)

L ‘écrivain martiniquais, Raphaël Confiant , qui a connu José Legrand, étudiant aux Beaux Arts se souvient de ses premiers travaux : Marqueur d’empreintes le nomme-t-il en reprenant son parcours d’artiste subversif.

Marie-José Hoyet, professeur d’université à Rome analyse l’utilisation du cocotier et du madras pour souligner la grisaille du réel quotidien.

Depuis plusieurs années, José Legrand utilise la trame du madras comme base de travail. Beaucoup de rouleaux d’étoffes utilisés dans les comptoirs coloniaux venaient de Madras en Inde et on a pris l’habitude de désigner les quadrillages colorés introduits dans les pays des plantations du nom de cette ville . Après avoir mêlé dans ses toiles, durant la décennie précédente, les signes de culture des différentes composantes de la population en Guyane, tout en soulignant le lien commun issu d’une stratégie coloniale, cet artiste s’arrête longuement sur cette forme symbole du monde caraïbe dont la Guyane représente la pointe.

Associées aux « têt maré », ses dernières compositions ponctuées de « Como maré » soulignent le sens très fort de ce verbe créole hérité de la traversée et qui assomme l’imaginaire.  Maré vient du Hollandais « aenmarren » qui a donné le terme de marine amarrer en français au XV ème siècle. Ceci au moment précis où l’Europe, à partir d’une épopée sur mer, va se partager le continent américain.

 En créole, « Run jou maré » est une journée où on ne pourra pas faire grand chose, une situation « maré » est une situation bien compromise. « Têt maré » peut être vu sous cet angle. « como »  fait allusion à tous ces mots qui sont passés d’une langue à l’autre sur les embarcations, les ports ou les plantations et à ce processus « qui a donné naissance à un procédé de langage d’une simplicité, d’une élégance et d’une concision qui séduisent le philosophe … » C’est ainsi que Alfred de Saint Quentin parle du créole en 1872.

Les toiles madras font suite à la série « Sous les cocotiers la grisaille » où José Legrand reprend ce végétal qui fait partie d’une vision stéréotypée du monde tropical en l’associant à son approche critique.

Dominique Boisdron

Citation (à part)  « …et l’on nous vendait sur les places et l’aune de drap anglais et la viande salée d’Irlande coûtaient moins cher que nous … »  In Cahier d’un retour au pays natal d’Aimé Césaire

 
Vue de l'exposition "Pièce d'Inde" Mai-Juin 2003 - Atelier Legrand José

 

 

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